Par GIUSEPPE RUSCONI
Que le pape François - partisan d'une "Église ouverte" - fasse l'objet de critiques récurrentes n'est guère surprenant. Il lui est parfois reproché, par exemple, d'avoir de facto ouvert grand les portes de l'Église à l'idéologie du genre, qui consiste en des théories anthropologiques subversives qui se sont renforcées depuis les années 1970 et qui postulent l'autodétermination de l'individu en matière d'identité personnelle, où le sexe biologique et le genre ne seraient pas liés l'un à l'autre, donnant lieu à des décisions identitaires même mutables.
Ces critiques sont-elles justifiées ? Ou sont-elles souvent basées avant tout sur la perception au niveau de l'opinion publique des gestes papaux d'accueil envers les personnes LGBT ? Il est vrai qu'une telle perception - compte tenu également de la diffusion de l'agenda LGBT au sein de l'Eglise - peut conduire à penser que le Pape François soutient fondamentalement les revendications du lobby arc-en-ciel. Cependant.
Il est donc bon de retracer pas à pas le pontificat du pape François pour identifier les moments de son magistère où il réfléchit à l'idéologie du genre, afin d'offrir à ceux qui nous lisent une documentation incontestable de son attitude sur une question aussi actuelle que délicate, même au sein de l'Église.
JEAN-PAUL II, BENOÎT XVI, L'ARCHEVÊQUE BERGOGLIO DE BUENOS AIRES QUI DEVINT ENSUITE PAPE...
L'attention portée par l'Église à ce sujet n'a pas commencé avec le pape François. Jean-Paul II avait déjà souligné, dans ses catéchèses de 1979 sur l'amour humain, la valeur de la différence sexuelle entre l'homme et la femme qui, en s'unissant, révèlent la dimension de communion qui est à l'origine de l'existence humaine.
Au fil des années, la question de l'idéologie du genre devient de plus en plus pressante dans notre société. Même Benoît XVI s'en préoccupe. Ainsi, le 22 décembre 2008, dans son discours à la curie romaine dans le cadre de Noël, il soulignait : "Ce qui est souvent exprimé et entendu par le terme "gender", se résout en définitive dans l'auto-émancipation de l'homme par rapport à la création et au Créateur. L'homme veut se construire tout seul et décider toujours et exclusivement tout seul de ce qui le concerne. Mais de cette manière, il vit contre la vérité, il vit contre l'Esprit créateur".
Après la démission de Benoît XVI du ministère pétrinien, le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu pape le 13 mars 2013. Nous n'avons pas trouvé de discours publics sur l'idéologie du genre prononcés par l'archevêque de Buenos Aires. Cependant, sa position sur une question collatérale à l'idéologie du genre, celle de la reconnaissance publique du soi-disant "mariage" entre homosexuels, a donné lieu à une amère controverse en Argentine. La loi, qui autorise également l'adoption, a été approuvée par une courte majorité au Sénat (la Chambre avait déjà voté en sa faveur) après un débat enflammé et d'imposantes manifestations d'opposition. L'archevêque de Buenos Aires ne s'était pas engagé dans une lutte publique sans merci contre la législation, mais avait signalé son opposition par deux lettres, envoyées aux religieuses cloîtrées carmélites de la capitale et au président du conseil laïc de l'archevêché, Justo Carbajales. La première lettre disait notamment : "Il ne s'agit pas d'une simple lutte politique, mais d'une revendication destructrice du plan de Dieu. Il ne s'agit pas d'un simple projet de loi - ce n'est que l'instrument - mais d'un "mouvement" du père du mensonge qui a la prétention de confondre et de tromper les enfants de Dieu".
Dans la seconde, lue lors de la manifestation de clôture devant le Sénat, l'archevêque Bergoglio a notamment écrit : "Par cette lettre, je souhaite apporter mon soutien à cette expression de la responsabilité des laïcs. Il ne s'agit pas d'une simple question de terminologie ou de conventions formelles relatives à une relation privée, mais d'un lien de nature anthropologique.
Le mariage précède l'État et constitue la base de la famille, cellule de la société qui précède toute législation et même l'Église. L'approbation du projet de loi à l'examen signifierait donc une véritable et grave régression anthropologique.
Prenons garde qu'en essayant de mettre en avant un prétendu droit des adultes qui le cache, nous ne laissions pas de côté le droit prioritaire des enfants - les seuls qui doivent être privilégiés - à bénéficier de modèles paternels et maternels, à avoir un père et une mère.
Jorge Mario Bergoglio n'est plus l'archevêque de Buenos Aires. Et en tant que pape ?
Le 19 septembre 2013, la méga-interview du père Antonio Spadaro avec le nouveau pape (qui lui avait été faite au mois d'août précédent) a été publiée. Il n'y est pas question de genre. Cependant, une réponse de François sur les "valeurs non négociables" suscite un grand intérêt et une controverse tout aussi grande : "Nous ne pouvons pas insister uniquement sur les questions liées à l'avortement, au mariage homosexuel et à l'utilisation de méthodes contraceptives. Ce n'est pas possible. Je n'ai pas beaucoup parlé de ces choses, et cela m'a été reproché. Mais quand on en parle, il faut le faire dans un contexte. L'opinion de l'Église, après tout, est connue, et je suis un enfant de l'Église, mais il n'est pas nécessaire d'en parler tout le temps.
Cela semble annoncer un manque d'attention de la part du magistère bergoglien, même à l'égard de l'idéologie du genre. Au lieu de cela…
2014 : PAS DE CAMPS DE RÉÉDUCATION POUR LES ENFANTS DANS LE CADRE DE LA « PENSÉE UNIQUE »
11 avril 2014, extrait du discours prononcé devant la délégation du Bureau international catholique de l'enfance :
Cela comporte dans le même temps de soutenir le droit des parents à l’éducation morale et religieuse de leurs enfants. Et à ce...
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